Encore
une journée pluvieuse en perspective.
A
la sortie de Valuéjols, le GR 4 chemine sur la planèze, essentiellement sur de
petites routes. Sous la bruine, je traverse Galuse, Brageac et atteins Lescure (1210 m ).
Le
village de Lescure est le siège de l’un des pèlerinages les plus connus de la
Haute Auvergne. Selon la croyance, en
1717, un jeune berger vit la Vierge Marie lui apparaître, qui lui demanda de
construire une chapelle en son honneur. Il trouva une statuette qui fut vite
qualifiée de miraculeuse. A l’endroit de sa découverte, il bâtit de ses mains
un oratoire qui deviendra par la suite l’église de la Visitation. Mais, aujourd’hui,
l’église qui renferme la statue est fermée.
A
la sortie du village, j’emprunte un chemin d’exploitation où une croix a été
édifiée.
L’altitude
s’élève doucement, la végétation change. A 1272 m , le balisage blanc et
rouge me fait bifurquer brusquement, escalader une clôture, pour me retrouver
dans de vastes étendues de pâturages, les estives, où paissent les troupeaux
de salers.
Race rustique, la vache salers, à la
belle couleur rouge bordeaux et au poil frisé, est très ancienne sur le Massif central,
adaptée à la transhumance et à l’élevage extensif.
Quelque
chose me paraît curieux. Je devrais arriver au Ché, lieu de rendez-vous avec
Viviane. Or, je prends une direction tout à fait différente, vers l’ouest. A
cause de la pluie qui s’accentue, je ne sors pas mon topoguide pour faire le
point. C’est une erreur !
Je
longe des clôtures qui s’étendent à perte de vue vers les sommets. J’enjambe
des portails malaisés, certains électrifiés ; je poursuis aux abords de
clôtures qui n’en finissent pas. Le temps devient exécrable.
Avec
mon portable, j’essaie de joindre Viviane. Miracle, ça passe ! Je lui
annonce que je ne sais pas où je suis et que je la recontacterai…
La
pluie fouette, le vent cingle … Je ne sens plus mes doigts engourdis.
Il
me faut maintenant traverser un pâturage au milieu d’un troupeau de salers. Je
n’en mène pas large car les vaches peuvent être agressives lorsqu’elles ont des
veaux. Ce qui est le cas. L’une d’entre elle se dirige vers moi, entraînant à
sa suite le troupeau. Mais elle me contourne simplement par derrière. Glissant
sur le sol rendu boueux par les bouses, je me dépêche de gagner la protection
d’une clôture.
A 1451 m d’altitude, il me
semble être au sommet.
Tiens,
une pancarte isolée qui indique : « poste de secours à 3 km . Prat-de-Bouc. » Donc…,
je me dirige bien vers le col de Prat-de-Bouc !
Navigant
d’abord à vue, puis le long de vieilles barrières à neige en bois, j’aperçois
tout à coup, en contrebas, la route et les infrastructures du col. Enfin !
Je préviens Viviane qu’elle m’y rejoigne, et je poursuis ma descente, utilisant
la piste de ski de fond.
Je me réfugie à l’hôtel-restaurant du col de Prat-de-Bouc. Viviane m’y
retrouve peu après, vers 13h30.
[En
fait, je me suis trompé de chemin à la sortie de Lescure, et j’ai emprunté une
variante du GR 4 rejoignant directement le col de Prat-de-Bouc, au lieu de passer
par Albepierre.]
Trempé
et transi, je me change dans le camping-car sans pouvoir me départir d’un
tremblement irrépressible, en réaction sans doute aux conditions extérieures
que je viens d’affronter. Mais après une collation succincte et une petite sieste,
il n’y paraîtra plus.
Dans l’après-midi, nous gagnons le camping municipal
d’Albepierre (où nous avions déjà dormi le 8 juin 2003, lors de mon parcours
sur le GR 400). Comme à cette époque, nous y sommes seuls. Et nous ne
rencontrons personne. Demain matin, avant de repartir à la maison, nous
glisserons le chèque pour la nuitée dans la boîte aux lettres du camping…
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